Une mesure choc encore à l'état de piste
Depuis une quinzaine de jours, une petite bombe sociale sème l’émoi dans les DRH : dans son plan de redressement budgétaire dévoilé le 15 juillet, Matignon envisage de repousser au 7ᵉ jour l’entrée en jeu de l’Assurance-maladie pour indemniser les arrêts maladie. Aujourd’hui, la Sécurité sociale prend le relais au 4ᵉ jour d’arrêt. Avec cette mesure, les jours 4, 5 et 6 passeraient à la charge de l’employeur ou de son assureur. Les trois premiers jours, eux, resteraient comme aujourd’hui : non indemnisés, sauf accord d’entreprise ou prévoyance collective.
Officiellement, rien n’a été déposé au Parlement. Mais le signal est clair : l’État cherche à juguler l’explosion des indemnités journalières (IJSS), dont le coût annuel frôle les 15 milliards d’euros. Selon Les Échos, l’économie visée par cette réforme se chiffrerait en centaines de millions d’euros par an.
Ce que disent les représentants patronaux
Le MEDEF et la CPME n’ont pas tardé à réagir. Dès le 9 juillet, ils publiaient un plan d’économies de 6,5 milliards d’euros pour 2026. Parmi leurs propositions chocs : instaurer un à trois jours de carence “d’ordre public” non indemnisables, y compris par l’employeur, et interdire toute prise en charge de la carence au-delà du troisième arrêt maladie dans l’année.
Pour eux, il s’agit de responsabiliser les salariés et de lutter contre les arrêts courts, jugés désorganisateurs et budgétivores.
Premiers échos côté syndicats
Du côté des syndicats, la tonalité est toute autre. L’UNSA dénonce une “politique qui pénalise les malades au lieu de s’attaquer aux causes profondes”, comme les conditions de travail ou les déserts médicaux.
La CGT, elle, redoute un glissement vers une carence généralisée de sept jours, sans indemnisation publique ni complémentaire, comme l’a préconisé la Cour des comptes. Le risque, selon les centrales : le retour du “présentéisme”. En clair : des salariés qui viennent travailler malades pour éviter de perdre du salaire.
Entre mesure budgétaire, stratégies patronales et inquiétudes syndicales, cette réforme encore floue cristallise une opposition classique mais explosive : celle du coût du travail face à la protection des plus fragiles.