1. Les faits, sans filtre
Petit rappel de la scène. Vendredi 27 juin 2025, Rima Hassan, eurodéputée LFI connue pour son engagement pro-palestinien, remonte la rue du Faubourg-Saint-Martin à Paris 10ᵉ. Devant l’agence ORPI « Invest Immo », deux collaborateurs l’interpellent : « On va te la brûler, ta Palestine ! » tandis que l’un scande en hébreu : Am Yisrael Chai. La vidéo, postée aussitôt sur X, devient virale en quelques heures.
L’affaire prend une ampleur médiatique nationale. De nombreuses personnalités politiques et médias s’en emparent. En moins de 24 heures, l’image de marque du réseau ORPI est directement associée à une altercation à forte charge symbolique et géopolitique. La scène se déroule en pleine rue, devant une agence portant l’identité visuelle du groupe, ce qui crée un lien immédiat dans l’esprit du public.
ORPI réagit le lendemain : communiqué d’excuses, condamnation sans réserve des propos, fermeture provisoire de l’agence… et surtout licenciement immédiat des deux salariés. La direction évoque un « licenciement sans procédure disciplinaire », formulation qui intrigue juristes, professionnels RH et observateurs du droit social.
2. Pourquoi ORPI n’avait pas vraiment le choix
Dans l’économie de la réputation, quelques heures suffisent pour transformer une « bavure » en crise de marque. ORPI, réseau coopératif de plus de 1 300 agences, sait que l’immobilier repose sur la confiance locale ; impossible de laisser cette vidéo occuper le terrain médiatique pendant tout un week-end.
Sur les réseaux sociaux, la séquence est immédiatement perçue comme un affront politique. Le lien entre l’image publique d’ORPI et les propos tenus est quasi instantané, même si l’entreprise n’a rien à voir avec le fond du discours.
Trois facteurs expliquent la réaction éclair :
1. Atteinte grave à l’image : la scène se déroule en vitrine, salariés identifiables, logo bien en vue. L’entreprise ne peut pas plaider le dérapage privé.
2. Propos à connotation discriminatoire : l’injure vise un engagement politique personnel lié à un conflit international ; la tension du sujet renforce l’impact. Le Code pénal (R625-7) et le Code du travail (L. 1132-1) couvrent largement ce type de situation.
3. Devoir de loyauté : même hors du strict cadre horaire, un salarié représentant l’entreprise doit éviter tout comportement nuisant à celle-ci (Cass. soc., 15 janv. 2014). Dans ce cas, l’espace public devient un espace professionnel par extension.