1. Vulnérabilités structurelles : quand le travail fragilise les personnes
Les études iThylo et MMA-Bpifrance soulignent l’importance du statut, des conditions et du soutien social. Les intérimaires, par exemple, ne représentent que 15 % de l’effectif analysé, mais concentrent 31 % des cas positifs à la cocaïne et 25 % au cannabis. Pourquoi ? Horaires fractionnés, hébergements collectifs temporaires et faible accès aux dispositifs de prévention.
Typologie |
Part dans l’échantillon |
Positifs alcool |
Positifs stupéfiants |
Observation terrain |
Intérimaires |
15 % |
13 % |
31 % cocaïne / 25 % cannabis |
Logements partagés, isolement, roulement d’équipes |
Ouvriers en CDI |
40 % |
18 % |
12 % |
Mouvement répétitif, pression sur le rendement |
Cadres dirigeants |
7 % |
10 % |
– |
82 % déclarent des troubles psychosociaux |
Cas concret : dans un entrepôt logistique en 3x8, les intérimaires de nuit ont vu le taux d’alcoolémie positif grimper de 22 % lors des pics de commandes. Après audit, l’employeur a instauré des navettes gratuites, des pauses supplémentaires et des sessions d’information multilingues : le taux est revenu à 8 % en six mois.
2. Horaires et environnements à risque : décrypter les contextes critiques
Les tests alcool effectués après 17 h doublent les résultats positifs. Sur certains chantiers nocturnes, un salarié sur cinq dépasse les seuils légaux. Dans l’événementiel, le lundi matin affiche +18 % de tests positifs au cannabis, reflet d’une consommation du week-end non éliminée.
Illustration : un site industriel de plasturgie a découvert un « apéritif de fin de ligne » le vendredi soir, qui gonflait les tests positifs à l’alcool de 43 %. Solution : remplacement par des paniers-repas équilibrés, bar à mocktails et mini-ateliers nutrition. Les résultats sont revenus au niveau national moyen en un semestre.
Le télétravail n’est pas épargné : 12 % des développeurs d’un groupe IT déclarent avoir augmenté leur consommation d’alcool à domicile, évoquant la frontière brouillée entre vie professionnelle et vie privée.
3. Prévention 360° : dépistage, accompagnement et culture d’entreprise
Une politique efficace repose sur quatre piliers essentiels :
Inclusion : impliquer tous les statuts, y compris intérimaires, sous-traitants et alternants.
Contextualisation : adapter les messages aux métiers et aux contraintes horaires (ex. capsules vidéo pour chauffeurs, quarts d’heure sécurité pour ouvriers).
Accompagnement : proposer une hotline psychologique accessible 24 h/24, des cellules anonymes d’écoute, un relais avec les services de santé.
Leadership managérial : former les encadrants à repérer les signaux faibles, dialoguer sans jugement et orienter vers des solutions adaptées.
Bonne pratique : une PME agroalimentaire a lancé un parcours sobriété en trois étapes (atelier collectif, entretien individuel confidentiel, suivi externe). Douze mois plus tard : absentéisme réduit de 17 %, accidents en baisse de 38 %, et 87 % des salariés qualifient le climat social d’« apaisé ».