1. Contexte
La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon avait pour objectif d’apaiser une situation politique tendue. Dans un Parlement fragmenté et une opinion méfiante, il représentait une solution rapide, presque symbolique. Une manière de colmater une brèche plus que de repenser la structure.
Ce scénario n’est pas unique à la politique. Les entreprises connaissent la même mécanique lorsqu’elles recrutent dans la précipitation, sous pression interne ou pour donner un signal rassurant. On cherche à apaiser le climat avant de traiter le problème de fond. Résultat : un recrutement pansement, efficace sur le moment, mais fragile dans la durée.
2. Analyse RH
Un recrutement mené pour éteindre un feu finit souvent par en rallumer un autre. La logique d’urgence l’emporte sur la logique d’adéquation. La question n’est plus : « est-ce le meilleur profil ? », mais « peut-il tenir la situation sans faire de vagues ? ». C’est le piège classique lorsqu’on confond urgence de recrutement et recrutement juste.
Trois dérives en découlent généralement.
Premièrement, le manque de diagnostic : le besoin n’est pas clarifié, on comble un vide sans traiter la cause.
Deuxièmement, la promesse enjolivée : on présente le poste sous un jour trop flatteur, on minimise les contraintes pour sécuriser une signature.
Enfin, l’intégration précipitée : on déroule un onboarding standard sans tenir compte des tensions réelles.
Ces erreurs signalent un déficit de sincérité organisationnelle. Le recrutement est une rencontre entre deux réalités : celle de l’entreprise et celle du candidat. Quand le discours ne correspond pas au quotidien, la confiance se fissure et le départ devient probable.
L’onboarding, aussi soigné soit-il, ne répare pas un désalignement initial. Il doit confirmer un bon choix, pas tenter de sauver un mauvais pari.